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Herseaux Ballons
Herseaux Ballons
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27 novembre 2008

CHAPITRE II

HERSEAUX

Dans « Toponymie des Flandres », Karel Du Flou relève Herseaux en 1010, dans le cartulaire de l'Abbaye St.-Pierre de Gand sous l'orthographe « hersele ». Selon M. Gyneling, il faut attendre la date de 1108 pour voir apparaître « hersels » dans une bulle du pape Pascal II confirmant les biens de l'Eglise de Tournai.

Intéressons-nous à un homonyme, « Herzeele » dans le département du Nord. « Villa hersela » est mentionnée pour la première fois dans l'acte de fondation du Chapitre de Cassel, en 1085, par Robert le Frison, comte de Flandre, confirmée la même année par Philippe Ier, Roi de France.

Grammaye (…) traduit Herzeele : « demeure des seigneurs » (Heeren-Zeele) car, selon lui, Messeigneurs les Chanoines de Thérouanne y avaient une maison de plaisance. On retrouve cette même étymologie en Belgique pour Herseelt...

Mais plus on cherche et plus on trouve...

Nombres d'auteurs du XIXe siècle se sont penchés sur le passé de nos régions et leurs conclusions valent bien celles de nos meilleurs contemporains. Notamment concernant les lieux en « zeele », dont Broxeele (limite des marais), Bollezeele (limite du canal) et, citant Anderzeele, Vormezeele, Dadizeele, etc... ils citent bien sûr Herzeele (dans le Nord) comme « limite de la mer ». Ce qui fut certainement le cas en ces temps-là où St.-Omer était... un port de mer ! Si cette commune est à la « limite de la mer », c'est qu'elle est placé sur une éminence, un peu comme Herseaux devait l'être par rapport à la plaine de l'Espierres...

En thiois (…), on retrouve souvent l'étymologie suivante pour « zeele » : cordon, limite.

Certains « spécialistes » en étymologie optent pour un raccourcis généraliste qui consiste à rattaché un nom de lieu à celui de son « créateur »... On retrouve ainsi « her » comme étant une abréviation d'Herman, ariman (guerrier) et « chies » serait le radical qui mentionnerait l'idée de demeure et par extension de village. A ce rythme-là, on donne aisément une origine à tous les noms de lieu de Flandre et d'ailleurs.

Soyons sérieux...

En notant par exemple que les terminaisons en « ies » sont des villages probablement antérieur au VIe siècle... Cette forme de « chies » proviendrait du vieux latin « chia » signifiant caverne, devenu par la suite cabane, chaumière. Par extension, « chies » est la romanisation du bas-latin « caïa » : la maison ou l'enclos.

« Maison du maître » serait concevable en partant du latin « herus » et du teuton « her », « heer ». On pourrait même dire « maison du souverain » puisque « herus » a également cette connotation.

Mais aussi : Her-sie-zie-zeele = Hersels » (1108 – Bulle de Pascal II). D'où « her » pour « maison (s) » et « sie » = chies ou terminaison « ies » ayant donné en bas-latin « enclos ».

Dans cette hypothèse, on peut rêver qu'Herseaux était déjà là lors de la « chute » de l'Empire et peut-être déjà bien avant...

Personnellement, je reste attaché à un village ayant été d'origine entouré de haies, ce qui nous reporte à... Spiere (…) !

« Her-zelle » : maison du maître, soit, mais dans ce cas cette dénomination s'adresserait au château et non pas au « village » !

« Her-sie-zei-zelle » : maisons dans un enclos  conviendrait mieux...

Quoi que l'on pense et tant pis pour ceux qui s'imagine encore que les temps carolingiens n'étaient habités que d'arriérés mentaux (...), il existait bel et bien des villages qui sont restés très stables depuis la "chute" de l'Empire jusqu'à nos jours. Et il est rare que le "château" attira les maisons...

Un point reste encore à éclaircir : la distance qui sépare le château et qui va jusqu'au lieu où l'on trouve les premières habitations : pourquoi cet espace d'une bonne centaine de mètres ? Dans le cas où le "castel" aurait été construit alors que le village existait déjà, on serait tenté de croire qu'il devait également servir de lieu de refuge pour ses habitants. Or, d'une manière générale, c'est l'inverse qui se présente : le "castel" est construit dans un lieu isolé et la "motte" ne sert qu'à protéger le seigneur du lieu et ses "gens". D'ailleurs, la castellenie du Mont-à-Leux était dans ce cas, tout comme les Haies et la Rouissellerie.

Maintenant, l'époque, qui semble toujours si « obscure » aux historiens traditionnels devait avoir ses « routes » et ses voies de communication dont certaines étaient  très anciennes. Mais je ne vais pas entrer ici dans le jeu ridicule de ceux qui prétendent encore qu'une voie romaine traversait Herseaux ! Les voies romaines couraient généralement sur les hauteurs des crêtes et des collines. Comme, par exemple, ce « diverticule » qui pouvait effectivement venir de Kooigem, par Tombrouck, le Piro Lannoy et le Bois Fichaux pour rejoindre Tourcoing puis Comines. Et puis, plusieurs siècles se sont déjà écoulés depuis la « chute » de l'Empire et il y a longtemps que ces voies n'étaient plus entretenues. Donc, très certainement inutilisables au IXe siècle.

Une "grand-route" courait déjà, depuis Bruges sur l'estuaire du Swin, vers Arras puis vers le bassin parisien. Les draps de Flandre et les vins de la région parisienne transitaient sur cet axe et permettait aussi d'atteindre Courtrai et Gand. Dans l'autre sens, vers Douai et Arras... et constituait la voie commerciale vitale de l'activité flamande qui traversait Tourcoing naissant ("Histoire de Tourcoing", Plateaux/Lottin). 

Mais on peut penser qu'il existait déjà un « chemin » traditionnel venant de la Lys (Courtrai ?) et qui aurait traversé ce qui sera Mouscron, puis Luingne, en passant par Herseaux où il aurait bifurqué par notre actuelle Chaussée du Long Bout pour rejoindre St.-Léger puis Tournai... On peut penser qu'un autre chemin partait de la Place par la rue du Ham en direction de Wattrelos, ce qui aurait permit à ces "Messieurs de St.-Bavon" de rejoindre leur maison-mère et d'y organiser un charroi vers Courtrai, à destination de Gand via la Lys...

Cette hypothèse expliquerait l'emplacement de la Place et celle du château...

Pourquoi prétendre que la rue du Ham serait un ancien chemin traditionnel ?

Revenons à la ferme des Haies. L'actuelle rue de la Maladrerie va de la ferme à la rue Verte... Le fait que ce soit un chemin pavé n'a aucune importance : ce pavement date du XIXe siècle.

Autrefois, ce "chemin" était probablement la seule voie d'accés à l' Hostel des Hayes. Il venait, en ligne droite, de l'actuelle Place de Luingne. Le fait que ce soit une "ligne droite" ma fait penser que ce chemin date d'avant le parcellement des terres...

La rue du Ham actuelle est également une ligne droite de la Place d'Herseaux au lieu-dit "les trois fermes", puis, au-delà de celles-ci, par l'actuelle rue du Lundi jusqu'au hameau du Breuil...  (aujourd'hui disparu pour laissé place au Parc du Lion)

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Bien plus tard, nous aurons un « château-fort », construit à l'emplacement de cette « motte » et qui remplacera donc l'ancien donjon de bois. Ceci se passait vers 1330 et le bâtisseur s'appelait Sohier Ier le Courtroisien, né à Gand en 1258 et mort, décapité, le 23 mars 1338 par Louis de Nevers sur ordre du Roi de France.

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Sohier Ier le Courtroisien. Jusqu'à preuve du contraire, il s'agit bien du seul document existant qui représente un personnage historique herseautois...

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Ce château aurait été détruit vers 1500... Reste la Cense de la Cour qui demeurera le siège traditionnel de la Seigneurie.

Antoine Sandorius nous a laissé, dans son livre « Flandria Illustrada » une estampe qui le représentait sous l'apparence d'une « imposante forteresse moyen-âgeuse (Jean Deroubaix, « Histoire d'Herseaux »).

Je crois que Jean Deroubaix s'est laissé allé à un peu trop d'enthousiasme...

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Dessin de J. De roubaix

17673769_p

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La cense de la Cour, Carte Ferraris, 1777 ."La Cour"", sur le haut de la carte, plus bas au centre, la "cense de Lassus" et tout en bas, à gauche, "La Roussellerie".

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