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Herseaux Ballons
Herseaux Ballons
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26 novembre 2008

Les mottes

J'admet qu'il est difficile d'imaginer  l'aspect de ce "petit coin de nulle part" il y a plus de mil ans ! Disons qu'il devait être plus proche de son état "naturel", donc encore relativement  boisé et  marécageux..Sur notre territoire, on serait tenté de croire qu'il y avait encore peu de monde - entendons : pas de groupe important - avant l'arrivée de ces gens qui seront à l'origine de nos "castels". Ces "gens-là" venaient d'aileurs (?), ayant reçu ces terres en échange de quelques services rendus ou à rendre. Des vassaux... (1)

Mais le problème sera de savoir pour quelle raison ces "mottes" furent édifiées ?

- La réponse commune sera de prétendre qu'il fallait se protéger des incursions des NordMen ! Soit, mais ici-même il n'y avait rien à défendre : ni cité, ni abbaye, ni voie de communication. Rien... !! Sauf... les possessions de St.-Bavon, sur Wattrelos. Mais ce n'était que des terres, rien d'autres. Ce ne serait donc pas  le motif de ces constructions de défense.

- A moins que la réponse ne se trouve dans quelques passages un peu sulfureux des "Chroniques des Comtes de Flandre" où l'on prétant qu'à cette époque le comte de Flandre aurait fait alliance avec les NordMen contre... les Francs ! Dans ce cas, nos "mottes" auraient fait partie d'une ligne de défense visant à protéger la Flandre d'une éventuelle attaque venant du Sud...

- Les certitudes quant à elles,  viennent de Charlemagne qui, désiteux de voir se développer l'agriculture rendit un capitulaire en ce sens, ordonnant de distribuer des portions de forêts domaniales aux cultivateurs qui souhaiteraient s'y installer. En admettant que les forestiers ne soient pas un mythes, mais bien des personnages réels, alors il est parfaitement possible qu'Inghelram a essayer d'appliquer  dans son gouvernement ce fameux capitulaire. Et les agriculteurs auxquels il fit appel pourraient bien être ces saxons que Charlemagne avait, 25 ans auparavant transférés en Belgique. En ce IXe s., quelques parties de la Flandre auraient donc été offerte au défrichement et à la culture.

Si l'on a effectivement fait appel à des saxons, ceux-ci ne pouvaient pas être uniquement de simple agriculteurs... Pour établir ces mottes , il fallait des maître-d'oeuvre, des charpentiers capables d'élever ces donjons !

Maintenant, nous n'allons pas nous étendre sur les liens féodaux... Le but de cet "Essai" n'est pas d'établir une liste de petits maîtres, mais de nous pencher sur les éternels oubliés de l'Histoire, les "gens de peu...". Ceux qui ont fait de ce coin de terre ce qu'il est aujopurd'hui, c'est-à-dire des générations de manants, serfs, journaliers, censiers, artisans, commerçants, etc...

LES MOTTES

-La châtellenie du Mont-à-Leux

Elle s'établira sur une colline, dont la hauteur est assez faible (40 m) mais qui se trouve dans le coude formé par l'Espierre. Pour rappel, n'imaginez pas ce ruisseau tel qu'on pouvait encore l'apercevoir il y à trente     ans !... Dans son état naturel, il occupait un espace beaucoup plus important, fait de méandres, marécages et étangs. Avec des largeurs pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres.  Il y a mil ans, une partie pouvait déjà avoir été endigué depuis longtemps .On dira donc que ce "castel" profitait, sur son flanc Nord/Ouest d'une protection naturelle. Sur son flanc Sud, à plusieurs centaines  de mètres, un ruisseau qui devait constituer un autre obstacle : c'est aujourd'hui le "ruisseau des Près-des-Haies". Rien sur son flanc Est...(2)

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Le ruisseau des Près-des-Haies aujourd'hui...

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- Le château d'Herseaux Place

Edifié sur une motte, à une  bonne centaine de mètres de l'actuelle Place d'Herseaux. Il n'y bénéficie d'aucune défense naturelle...

Ci-dessous : une motte toujours visible de nos jours (Google Aerth 2009)

aerth_cense_de_la_cour_motte

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La motte : photos 2007

route_24_fev_022route_24_fev_024route_24_fev_026

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- L'Hostel des Hayes

Pour lequel on choisira un endroit à peine plus haut de trois mètres par rapport à l'Espierre, mais suffisamment éloigné pour éviter tous risques en cas de montée des eaux. On ne sait pas si une motte y a été édifiée, mais considérant le fait que l'on y a creusé des douves, tout porte à croire que les terres extraite ont dû servir à constituer une éminence de quelques mètres de haut. La protection de l'endroit, du côté Ouest est donc constituée par les marécages de l'Espierre. Côté Nord, nous retrouvons le "ruisseau des Près-des-Haies". Rien à Est et au Sud...

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Si un voyageur passait devant les Hayes, vers le Xe siècle, il aurait pu voir ceci...

Chateau_a_motte_saint_sylvain

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- La Roussellerie

La Roussellerie, dont le nom provient des roseaux de l'endroit, devait également bénéficier d'un environnement marécageux...

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Leurs superficies devaient être assez réduites. Pour s'en rendre compte, il suffit de voir aujourd'hui ce que l'on appelle encore l'"Enclave de Luingne" qui représente approximativement les terres d'origine des seigneurs des Hayes.

Les terres de la "Châtellenie" allaient de l'Espierre au ruisseau des Près-des-Haies et occupaient les hauteurs du Mont-à-Leux jusque Le Val. A noter la présence d'une enclave : les Clorbus (...).

Le château d'Herseaux devait, à l'origine, avoir d'abord défriché l'espace entre lui et l'actuelle Place d'Herseaux et occuper un territoire allant jusqu'aux Oreux d'une part, à la Malcense d'autre part et à la Roussellerie.

La Roussellerie pouvait couvrir une trentaine d'hectares. Elle sera ensuite incorporée aux possessions d'Herseaux-Tournaisis.

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En ces temps-là, obtenir un territoire était sans doute un honneur, mais dans le cas qui nous occupe,  les terres de chez nous n'étaient pas, à proprement parler, une "bonne affaire" : boisés et marécageuses !... Maintenant, se pose la question des "limites", puisque que l'on ne peut pas parler de frontières au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Cependant, l'Espierre semble bien avoir toujours servis de "limite" territoriale, comme c'est très souvent le cas pour les rivières et les ruisseaux... Au Xe siècle, pas de France ni de Belgique et le comté de Flandre n'existe pas encore vraiment. Des espaces souverains certes, mais pour l'indigène du lieu cela ne devait guère avoir d'importance.

Des questions peuvent aussi se poser au sujet de ces "maîtres" qui s'installèrent chez nous... Ils ne sont pas venus seuls et on supposera qu'ils se sont installé avec leur famille et leurs "gens". En quel nombre ?  Sans doute insuffisant pour exploiter ces territoires... Ont-ils alors trouvé de la main-d'oeuvre locale ? Mystère... Il leur a d'abord fallu choisir un emplacement bien précis, en tenant compte de critères élémentaires qui sont alors la sécurité et la nourriture. Il a fallu défricher, construire et... cultiver ! Défricher suppose de posséder la matériel nécessaire;  construire, le "castel" essentiellement, exige des connaissances appropriées; enfin, cultiver sous-entend disposer d'un stock de semences...!

Mais qu'existe-t-il aux environs ...? (3)

Si l'on se réfère au IXe siècle, on sera tenté de dire : peu de choses... Sur le territoire de Wattrelos, une "villa" et ses dépendances... ! Courtrai existait sous un format réduit et aura servis de  base permanente pour les Nordmen (vikings) durant de nombreuses années... Lille n'existait pas encore vraiment.... Tournai n'était encore qu'une bourgade enfermée dans ce qui lui restait de rempart,  assez éloignée selon les critères du temps et Arras encore davantage ! Les habitations les plus proches (au sens de "civitas") semblent se situer sur Tourcoing. Et, peut-être, un embryon de village sur l'emplacement  d'Herseaux-Place ?

A part cela, peut-être quelques communautés isolées dans l'une ou l'autre clairières, sans plus... (4)

Quant à Roubaix, qui n'existe pas encore, il devra son nom à un ruisseau ainsi nommé par ses premiers habitants : Ros-bach (le ruisseau aux roseaux).

Pour l'essentiel, les "pagi" sont en place, même si cela ressemble encore à une belle pagaille. En bien des endroits, ce sont encore de petits potentats locaux qui agissent en toute liberté. En Flandre maritime, le réseau de fiefs est encore très lâches et si mal définit qu'il semble évident que là aussi nous sommes en présence de seigneuries indépendantes. Le spectacle est d'ailleurs identique en Hainaut où nombre de terres resteront longtemps alloliales.

Cependant, dans la région, les "gens d'ici" ne sont plus tout à fait des "sauvages" ! La première cathédrale de Tournai est déjà à l'horizon (elle fut érigée vers 845-855) et, dés 863 débute le chantier de la cathédrale de Cambrai. De ce point de vue, ces "gens-là" sont techniquement évolué ! Mais ils sont quand même très disparates, seulement nombreux autour des "villes" où l'on estime qu'ils sont environ 40 hab/km²... Sortis de là, ce ne sont que quelques isolats dans un espace mal débroussaillé.

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Conclusions :

Les Hayes seront donc le premier lieu habité, chose qui ne fait aucun doute en ce qui concerne notre quartier. Au fil du temps,en dehors de l'enceinte de l'"Hostel" viendra s'ajouter quelques manses (censes). sans plus... On peut penser que c'est là l'origine de notre "Ham" (ou "Han") et qui ne sera jamais autre chose qu'un hameau.

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Reconstitutions :

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Notes:

(1) Relevant de la Seigneurie de Mouscron, la seigneurie de la Castellerie appartenait en 1296 à Rogier des Ramées. En 1444 à Biétremieux Desreviaux qui la vendit à Oste de la Barre, seigneur de Mouscron, le 27 aoüt 1451.

(2) Cet endroit s'est d'abord appelé la "Motte", et le bois de la Motte n'était autre que le bois de la Castellerie (Le bois de la Motte :1662). Vers 1700 s'ajoute le déterminant "leu" et la première graphie nous donne : "Le chemin menant de Mouscron à la motte au loup". On constate ensuite une déformation dans  la toponymie où le terme de la "motte" glisse vers son voisin phonétique "mont". C'est ainsi que nous obtenons, en 1750 : "chemin menant de Mouscron vers le Mont à Leux".

(3) La seigneurie de Saint-Pierre de Lille (Mouscron) est mentionnée en 1066 lorsque le roi de France, Philippe Ier assiste à la dédicace de l'église collégiale de St.-Pierre de Lille que faisait son tuteur, le comte de Flandre, Baudouin VII, faisant don à ce chapitre de cinq maisons situées à Mouscron, et au prévôt du chapitre de deux maisons de l'église de Mouscron. Deux siècles peuvent paraître peu, il est vrai, mais on doutera quand même de l'existence de Mouscron au IXe siècle... On relève le nom d'Anselme de Mouscron, seigneur du lieu, lors de la consécration de l'église Sainte-Walburge de Cambrai, au XIe s. Un cartulaire de l'Abbaye de Saint-Martin de Tournai (Archives générales du Royaume à Bruxelles) prouve l'existence d'un autel ou d'une église à Mouscron en 1149. St.-Barthélemy provient de l'Abbaye d'Eecckhoute fondé avant 1130. C'est elle qui transmit ses droits à St.-Martin de Tournai.

(4) Concernant la Châtellenie ou Castellerie, nos historiens locaux s'accrodent à supposer son existence vers la fin des années 800...

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